Naissance d'une relation de cœur à cœur
Les débuts d'un jardin
"Quand l'action mène le doute au repos, et porte la confiance sur les devant"
Table des matières 📚
Le petit terrain du commencement ressemble plutôt à une plage de sable envahie de vigne vierge (le dragon de terre 🐉 c'est son petit surnom).
Il est entouré d'arbres spontanés (Frênes, chênes verts, saules, grand peuplier...).
Sur ce terrain même, quasiment rien n'est planté, sauf un poirier ancien et deux pêchers de vigne qui ont déjà un bel âge !
Est donc planté un mirabellier, un prunier "Reine Claude", un amandier doux (greffés tous les trois), ainsi qu'un cerisier venant d'un drageon récupéré ailleurs. (Les 3 premiers venant d'un marché aux plantes vers Montpellier, chacun ayant été acheté à racines nues, sans grande racine pivotante, mais cela est une autre histoire !)
Il consiste à commencer petit, l'agrandissement de la zone se faisant au fur et à mesure des besoins et des possibilités.
L'idée étant de faire "petit et complet, plutôt que grand et à moitié".
Concrètement en suivant ce principe, j'installe donc deux zones de 3m2 chacune, dans lesquelles je crée des buttes de culture en lasagne.
Les plants sont directement achetés chez le pépiniériste du coin (faire marcher le local et le circuit court dès que possible).
Plantés de manière spontanée sans trop réfléchir, et surtout avec grande excitation !
A l'époque, pour effectuer mes plantations, je sors la plante de son pot, je ré-humidifie le substrat, puis je crée un espace suffisamment profond dans la butte et je pose la plante dans le trou ainsi creusé, je recouvre son système racinaire de terre, de fumier assez composté et de quelques feuilles d'orties pour finir par une couche de paille en surface* (*la couverture de paille étant ma garantie pour protéger les racines des plantes, du dessèchement, de la chaleur et du froid). On appelle ça plus couramment le "mulching ou paillage".
Je tasse ensuite avec les mains ou talons afin que le substrat adhère bien au racines du nouvel arrivant et ainsi éviter les poches d'air souterraines.
Puis un arrosage d'au moins 10 litres (effectué en plusieurs fois pour éviter de trop drainer mon sol (sol sablonneux/limoneux)) / arbre est nécessaire .
Pour certains arbres (nanifiant, à faible racinaire...) ainsi que dans certaines conditions climatiques, géologiques (zones à vents violents, sols sableux, limoneux, peu profonds...), l'ajout d'un piquet solide (bois, métal...) pendant la plantation est intéressant pour aider l'arbre à s'enraciner profondément.
Un nouvel arrosage une semaine après et les plantes se débrouillent ensuite durant plusieurs semaines sans arrosage. La période se prêtant à cela (fin automne, hiver, tout début printemps).
Ici se jouent les phénomènes d'adaptations des plantes à leur environnement. Certaines vont présenter des signes de difficultés, tandis que d'autres continueront de pousser vigoureusement. A nous d'observer et d'interpréter subtilement afin d'éviter les manques aussi bien que les excès...
Vient la période des grandes chaleurs mi-juillet voir fin juillet, les plantes sont arrosées une deuxième fois à ce moment là, puis un troisième arrosage a lieu au mois d'août, enfin un dernier au mois de septembre. Il est évidant que notre observation régulière permettra d'intervenir si des évènements intenses, violents ou autres surviennent ; le but étant d'aider les arbres à s'implanter au mieux !
Après avoir planté mes premières annuelles à la mode jardin permacole, quelques tomates seront récupérées bien concentrées et sacrément sucrées, une aubergine, des haricots verts et quelques épinards.
A ce moment là, la récupération des graines (dans le but de reproduire des plants qui seront toujours plus adaptés chaque années au biotope* du lieu (*le biotope représente l'ensemble des caractéristiques physiques composant un lieu de vie précis)) est ma priorité, car je souhaite mieux faire l'année suivante !
J'enchaine avec la culture hivernale, qui permet (même durant les périodes de froid) d'obtenir des récoltes en cultivant des plantes adaptés là aussi aux températures et à l'humidité de la saison et du lieu.
Dans la permaculture un des enjeux principaux est de maintenir les zones de cultures en activité, avec une activité micro-organique et fongique puissante sous la terre afin d'améliorer la capacité digestive du lieu, une surface de sol couverte en permanence et permettant ainsi l'aggradation* du lieu (*l'aggradation étant l'enrichissement d'un sol en ressources nutritives, en biodiversité ainsi qu'en constantes vitales).
Un des meilleurs exemples sur l'aggradation des sols que je connaisse, est celui des terres cultivées de la ceinture de Paris Sud (Palaiseau), qui durant plus de 1000 ans à été cultivée et nourrie par les différents acteurs de l'agriculture du lieu, pour obtenir aujourd'hui des sols d'une qualité et d'une personnalité uniques (semblable à un assemblage de plusieurs structures de sols devenues un seul et même sol). Une diversité de plantes et d'essences d'arbres en partie cultivés, viennent diversifier le tout pour un rendu visuel riche et surprenant.
Une nouvelle butte sera crée, mais cette fois-ci je structure son contour de rondins de bois de saules fraichement coupés.
Le résultat final donne un visuel propre (cette sensation que beaucoup d'entre nous apprécient d'ailleurs dans la création et l'aménagement d'un lieu de vie extérieur).
Cependant, je ne suis pas au bout de mes surprises...
Des épinards d'hiver y sont semés, des mâches à grandes feuilles et des choux, ainsi que des radis 21 jours et des radis ronds.
Le temps passe et les graines germes, elles laisse apparaitre de nouvelles pousses !
Mais voilà que les limaces se délectent de certaines des nouvelles arrivantes.
Pour le moment, pas de lutte en prévision, elles ne sont pas assez nombreuses pour représenter un danger pour les récoltes.
Malgré le temps qui passe, la pousse est plus lente et moins dense qu'au printemps (normal nous sommes en hiver).
Il est temps pour moi de laisser la nature faire son œuvre.
A cette saison vous l'aurez compris, les apports en eau se font naturellement à l'aide des pluies fréquentes.
Durant ce mois-ci l'énergie est petit à petit de retour dans les parties ascendantes de nos chers amis végétaux et cela est visible grâce au phénomène de croissance des plants qui s'accélère.
Puis avec ce retour de croissance, une récolte devient souhaitable. Une bonne quantité de feuilles d'épinards, quelques feuilles de choux à fourrage (à feuilles et très bon en soupe), des mâches en grand nombre, quelques radis assez "riquiqui", de quoi faire une bonne salade ou soupe suivant les goûts de chacun.
C'est à ce moment là, que j'aperçois de nouvelles pousses de légumes inconnues à mes yeux, sorties du milieu de la butte de culture...
Je décide alors de trouver la base des racines, en allant creuser dans l'épaisseur de la butte (qui au toucher d'ailleurs, me parait avoir gagné en fertilité).
Je tombe nez à nez avec des rejets de saules venant des tronçons ayant servis précédemment à la structuration de cette même butte si joliment habillée...
Durant les mois qui suivent, je retirerai régulièrement les rejets, jusqu'à décider un jour d'enlever ces bûches de la butte et de les remplacer par des tronçons de vieux bois bien sec !
Pour comprendre ce phénomène je vous renvois à la technique de reproduction non sexuée que presque tout être végétal connait à l'image de nos bois verts de saules...
Bref, c'est pour cette raison que quand vous créez une nouvelle structure avec du bois frais, tout juste sectionné, attendez vous à de sacrées surprises, certaines plus agréables que les autres.
La période estivale de cette année là, sera plus riche en récoltes que l'année précédente.
Mes arrosages auront été plus nombreux mais seront restés rares.
A certains moments durant la journée, j'observe des plantes flétries, presque sèchent sur pied. Souvent j'ai la sensation qu'elles sont en danger ou sur le point d'y rester...
Puis vient le coucher du soleil, et durant la nuit il va se passer quelque chose de magnifique ; la fraicheur de la nuit, ainsi que le retour de l'humidité vont permettre aux plantes de reprendre leur forme.
Le lendemain matin, j'observe des plantes à nouveau voluptueuses et toniques, gorgées de couleurs et sur lesquelles se posent sereinement quelques gouttes de rosées.
Ce phénomène peut s'appeler "flétrissement, fanage ou perte de turgescence"....
En continuant mes apports de matières pour nourrir le lieu et en améliorant mes pratiques de cultures, le sol va prendre des textures et des couleurs de plus en plus complexes et sombres.
Je me rends compte ainsi de l'importance d'apporter de l’amendement en quantité. L'engrais, si cela est demandé par les plantes, peux être utile durant certaines périodes.
Chaque année, je tente de nouvelles approches, ainsi j'expérimenterais une période où je laisse tout pousser spontanément et où j'observe en agissant au minimum.
Une autre période ou j'apporterais des quantités très importantes d’amendements et arroserai un peu plus...
A un autre moment, je vais travailler mon sol de manière importante, et agrandir mes zones de cultures, pour y apporter du compost, des fientes de poules et du fumier de brebis en quantité...
Une fois, je ferais même un tas de fumier dans lequel je vais venir planter mes courges et courgettes, qui deviendront énormes et produiront comme jamais !!!
Bref tous ces tests me permettent de comprendre au fur et à mesure, quelles sont les interactions que je peux créer avec mon environnement naturel.
Chacune de mes interventions ou non interventions, amèneront des résultats souvent différents, que j'apprendrai à interpréter comme les réponses de la nature à mes pratiques.
Et oui ! Le dialogue c'est primordial pour apprendre à se connaitre.
Je prends conscience aussi du fait que chaque milieu, chaque échange, chaque moment est unique et ne ressemble aucunement à un autre. Une sorte de pratique spontanée de l'instant présent.
Les années passent, la température va en augmentant et l'eau se fait rare quelques années... L'envie de planter des arbres, arbustes, arbrisseaux ou toute autre végétal vivace* (*vivants plusieurs années) se fait de plus en plus forte.
En décembre 2021 je me décide à planter plus d'une centaine d'espèces et d'investir une nouvelle parcelle.
Apprendre le design pour occuper au mieux l'espace par les plantes installées pour plusieurs années !
Les tailles nécessaires au vivre ensemble des plantations qui seront serrées
La prise en compte du développement de chacun (strates)
L'utilisation d'ombrières, de brises vents...
La greffe sauvage et sur table
L'amélioration des techniques de plantations
La culture de l'eau (captation, réception, stockage, réutilisation, valorisation...)
Et bien d'autres...
Un terrain qui se multiplie lui aussi !
Puis le terrain deviendra "les terrains" (utilisation de deux nouveaux terrains attenant au premier) et l'ensemble s'agrandit.
La superficie totale sur laquelle je travaille maintenant, passe donc de 580 m2 à 1500 m2, les nouvelles cultures se feront sur un terrain nu appelé "Belibulle". Ayant été fortement exploité* pour la culture de vignes (*sa structure ne retient plus l'eau et perd sa vitalité micro-organique durant les périodes sèches et arides), il est composé de plantes "bio-indicatrices" peuplant les sols de type drainants et pauvres...
Le dernier arrivant est un petit terrain appelé "terrain des agrumes" car peu exposé aux vents, et accumulant la chaleur grâce à son exposition sud-est et ses murs de pierres.
Les interventions se faisant plus nombreuses, la mise en place de nouvelles techniques écologiques complémentaires devient nécessaire.
Telles que : le paillage encore plus généreux des plantations et planches de cultures, les associations vertueuses de plantes, le choix précis du végétal en fonction de l'exposition, la pose d'ombrières et de brises vents... pour ainsi moins arroser et moins intervenir au fur et à mesure...
En fin de compte, ces actes amènent à un meilleur équilibre du milieu et ainsi de ses habitants ; sans cela, les besoins en eau et en interventions deviendraient trop importants, et le sol continuerait à perdre sa vie souterraine...
Bref un cercle vicieux dont on connait de plus en plus les répercussions malheureusement...
Sur la route de l’expérimentation, les techniques et réflexes s'améliorent et les plantations vivaces poussent de plus en plus, ce qui rend le milieu plus viable chaque jour qui passe.
C'est ainsi qu'aujourd'hui je cultive 1500 m2, en ayant fait le choix de privilégier les plantes vivaces (plantes à racines charnues, couvre sol, herbacées, arbrisseaux, arbustes, arbres, lianes... ).
La suite à vous de l'imaginer 😉
By "Cheminement végétal"