<--- ci-contre une greffe en écusson!
Table des matières
La greffe permet d'unir deux végétaux (vivants et compatibles), l'un étant le porte greffe et l'autre le greffon ; cela afin d'en créer un seul qui possède les facultés de l'un et de l'autre.
Comme vous le savez sûrement, les parties vivantes d'un arbre son organisées sur le pourtour de son tronc et de ses branches et non en leurs centres.
Sur le schéma détaillé ci-contre, on observe les différentes parties du tronc d'un arbre.
Ce qui nous intéresse ici, c'est les parties les plus vivantes, et surtout celles qui sont génératrices de nouvelles cellules (ou qui y participent) ; car dans la pratique de la greffe nous allons les utiliser.
C'est le cambium qui va jouer le rôle principal dans la greffe (méristème secondaire chargé de la création du bois de l'arbre et de certains canaux sécréteurs...).
Il génère d'autres zones vivantes (aubier, liber, phellogène...), chacune avec leurs propres rôles.
vers l'écorce (périderme (phellogène, phellogène et suber) + liber), le liber (phloème secondaire, lieu de passage de la sève élaborée),
vers le bois dur (duramen) l'aubier (xylème secondaire, lieu de passage de la sève brute).
Un végétal en santé et équilibré possède de nombreuses zones circulatoires vivantes et les renouvelles régulièrement.
Ses canaux de circulation lui permettent de s'alimenter en eau et en sels minéraux pour faire la photosynthèse.
Ainsi que pour acheminer les produits résultants de cette photosynthèse (glucides -> qui donneront des acides aminés, lipides et autres composés secondaires...) aux différentes parties de la plante pour sa nutrition et croissance.
conserver, protéger ou reproduire (une variété spontanée venue de semis difficiles à ré-obtenir (oui, certaines variétés apparaissent spontanément et peuvent ne jamais se recréer ensuite par semis...))
implanter une variété rare ou difficilement adaptable (dans le micro-climat de son futur lieu d'installation (rusticité, sècheresse, calcaire, acidité, peu de sol...))
transformer certains arbres spontanés de la nature en porte greffes (magnifiquement adaptés au sol du lieu et pouvant ainsi produire des fruits rares ou plus charnus)
créer des clones (de certains arbres fruitiers afin de faire de la production homogène et facilement gérable par le travail des machines... (privilégions toujours la diversité et les actes pratiqués par nos propres soins en tant qu'êtres humains 😉))
Nanifier (associer une variété souhaité mais habituellement très vigoureuse, sur un porte greffe qui permettra de réduire son développement permettant donc sa plantation dans un lieu plus petit, sans pour autant devoir pratiquer la taille. Pour les personnes qui souhaiteraient cultiver en pots sur une terrasse ou autre...)
Accélérer la fructification (en greffant sur des portes greffes nanifiant on accélère la fructification car la taille à atteindre par l'arbre est moindre et ainsi la production peux arriver plus vite (maintenant la durée de vie de l'arbre sera raccourcie elle aussi... c'est toujours une question de choix))
Rajeunir une variété (en prenant le greffon d'un arbre dans la senescence, et en le greffant sur un jeune porte greffe)
Résistances aux maladies et parasites (exemple des vignes françaises ravagées par le phylloxera, qui ont été sauvées par le greffage sur des portes greffes américains résistants au phylloxéra (bon sachant bien-sûr que ce sont ces mêmes portes greffes qui l'ont ramené en France...))
Changer de variété (sur un sujet greffé si la variété ne convient pas, on peux toujours refaire des greffes d'une nouvelle)
Greffe sur des végétaux sauvages (ceci permet d'enrichir notre paysage naturel, mais aussi d'obtenir des variétés quasiment autonomes et accessibles à tous et toutes. Car la nature n'appartient à personne !)
Créer un arbre multi-variétal (la multigreffe consiste à greffer entre 2 et 20 voir plus de greffons de variétés différentes sur le même porte greffe) (voir bonus plus bas)
Tout d'abord nous aurons besoin de bons outils
un sécateur de qualité toujours bien aiguisé, nettoyé et désinfecté ✂️
un greffoir aiguisé sur un seul côté, cela permet une meilleure coupe plus nette (vigilance il en existe pour droitier et gaucher) 🔪
des élastiques de greffage, scotchs d’électriciens ou des films étirables de greffage ou encore du raffia, de l'argile... à vous de choisir vos préférences
du marbella, ou autre mastic à greffer (à chaud ou à froid)
des étiquettes pour bien noter l'espèce du porte greffe, la variété du greffon, la date de greffage, la personne qui a greffé, le type de greffe... 🧾
du pralin, pour ensuite bien enduire les racines du porte greffe, afin de le planter dans le meilleurs conditions par la suite,
de l'alcool à 90 degrés ou tout autre élément désinfectant pour nettoyer les outils entre chaque arbre
portes greffes francs (issus de semis), ils sont très vigoureux pour la plus part et peuvent mesurer plus de 10m pour certains à maturité, ils peuvent vivre de 80 à plus de 100 ans pour certains. La mise à fruits est souvent plus longue à arriver, mais ils produisent sur de nombreuses années. Ils sont plutôt adaptés aux grands espaces et ne sont pas adaptés aux formes trop strictes de taille (palmettes, gobelet strict...).
portes greffes nanifiants (issus souvent de boutures, et par des entreprises), il en existe un grand nombre en fonction de la taille souhaité à maturité et de la rapidité de mise à fruits (du plus petit au plus grand M27, M9, MM106, M111, M25...). Ils vivent généralement moins longtemps que les francs (de 20 à 50 ans environ). Certains peuvent être intéressant pour leurs résistances ou adaptations particulières.
Pommiers : 🍎
- Franc (malus communis 'Bittenfelder'): pommiers à fort développement pour arbres de haute-tige. Arbres rustiques, à développement racinaire important (résistant le mieux à la sécheresse), à longue durée de vie (50 à 100 ans). Mise à fruits lente (8 à 15 ans selon les variétés).
- M106 : pommiers à développement moyen pour arbres de demi-tige. Plus sensible à la sécheresse que le franc et durée de vie réduite (<50 ans environ). Mise à fruits plus précoce (3 à 5 ans). Convient aux terrains humides.
- M111 : vigueur entre le M106 et le franc. Sa mise à fruit reste assez précoce (4 à 5 ans). Il convient pour les terrains légers, caillouteux, secs voire très filtrants.
Poiriers : 🍐
- Franc (pyrus communis 'Kirchensaller') : poiriers à fort développement pour arbres de haute-tige. Très bon enracinement, longévité élevée (plus de 100 ans). Mise à fruits lente (> 6 ans).
- Cognassier de Provence BA29 : poiriers à faible développement pour petites formes. Longévité réduite, mise à fruits plus rapide que sur franc. Craint l’excès de calcaire.
Cognassiers :
- Cognassier de Provence : comme pour les « Poiriers »
Cerisiers : 🍒
- Merisier : cerisiers à fort développement pour arbres de haute-tige. Arbre rustique de grande longévité. Mise à fruits lente. Préfère les sols argilo-siliceux et les terres franches, profondes, fraiches et perméables. Craint le calcaire, la sécheresse et les sols trop argileux.
- Cerisier de Sainte-Lucie : cerisiers à faible développement pour petites formes. Porte greffe adapté aux terrains secs, pierreux et calcaires. Longévité réduite. Mise à fruits plus rapide.
Pruniers :
- Myrobolan : prunier très vigoureux s’adaptant à des sols très variés, même les plus ingrats et les plus calcaires. Résiste bien a la sécheresse. Mise à fruits assez lente. Drageonne.
Abricotiers : 🍑
- Myrobolan : comme les « Pruniers »
- Rubira : Porte-greffe franc de pêcher réservé à l’abricotier. Vigueur moyenne. Il supporte tous les sols, même asphyxiants, mais pas trop calcaires. Forte productivité.
Amandiers :
- GF 677 : Hybride (pêcher x amandier) naturel très vigoureux. Résistant au calcaire (12% calcaire actif), pour terrain sec. Résiste mieux à l'asphyxie racinaire que le franc.
Pêchers : 🍑
- GF 677 : comme les « Amandiers »
Kakis/Plaqueminiers :
- Diospyros lotus : porte-greffe usuel des kakis, originaire d'Asie tempérée, vigoureux (espacement similaire au prunier), éviter sols asphyxiants et exposition trop ventée, choisir un endroit ensoleillé.
Les nanifiant issus de boutures, possèdent avant tout un racinaire chevelu et non des racines munies d'un pivot comme chez les francs, maintenant tout dépend de vos besoins et du sol dans lequel ils seront plantés. Un sol peu profond n'aura pas d'intérêt pour un franc, tandis qu'un plant nanifiant avec un beau chevelu sera tout a fait adapté à visiter le sol dans son horizontalité.
Pensez à l'adaptabilité de votre porte greffe en fonction du sol de sa futur plantation, certains arbres sont plus adaptés que d'autres au calcaire par exemple...
Pour cela, il est important de connaitre les compatibilités entre chaque espèces et variétés de fruitiers. La plus part de nos fruitiers actuels en France, sont issus de la famille des Rosacées, cependant même issus d'une famille commune, ils sont plus ou moins compatibles en fonction des genres et des espèces. Une partie des compatibilités sont mentionnées dans le tableau ci-contre.
en période de lune montante 🌚⬆️
de décembre/janvier pour les noyaux, jusqu 'à mi-février pour les poiriers et pommiers (toujours avant le départ des bourgeons)
Vous pouvez-les conserver
enroulés dans un tissu humide qui sera emballé ensuite dans un plastique étanche à mettre au fond du frigo.
ou bien dans du sable humide au pied d'un mur côté nord de votre maison
Pensez à noter toutes les informations qui concernent la variété ou bien les éléments visuels qui vous pouvez distinguer (taille fruits, couleur, quantité, goût...) 🧾
Évitez de laisser sécher (dessication) vos greffons récolté, cela peux les tuer et empêcher donc la reprise au greffage... 💧
sur des arbres à production régulière et importante,
sur des sujets encore jeunes, en bon état sanitaire, fournissant de beaux et bons fruits,
sur des rameaux inclinés de 30 à 45 ° par rapport à la verticale (non obligatoire pour de bons résultats),
sur du bois de l'année pourvus d'yeux (bourgeons) rapprochés.
Quand vos greffons sont sélectionnés (souvent entre décembre et janvier), et mis en conservation, attendez ensuite le bon moment pour faire la greffe
comprise dans le période de greffage conseillé (juste avant l'ouverture végétative).
journée pas trop humide, pas trop froide, pas trop sèche et venteuse...
Étapes pour une greffe anglaise (greffe à rameau et dont les diamètre du porte greffe et greffons sont identiques)
La coupe
1) Prenez votre porte greffe et venez le couper net avec votre sécateur à l'endroit où vous voulez le voir démarrer, sachant que plus le porte greffe est taillé bas, et moins il sera vigoureux par rapport au greffon qu'on va venir lui greffer dessus (exemple un porte greffe nanifiant qu'on greffe haut = son pouvoir nanifiant s'exprimera d'autant plus)
2) Maintenant faisons pareil avec le greffon, il suffit de prendre la partie de la pousse de l'année la plus centrale (ni la plus vieille, ni la plus jeune)
L'entaille
3) Puis on vient faire une entaille en biais, propre et nette, avec le greffoir comme sur cette photo -->
4) L'essentiel est que le bout le plus fin de la coupe en biais, le soit réellement (fin).
5) Puis on reproduit la même entaille avec le porte greffe afin que les deux puissent s'emboiter
6) On va ensuite créer une belle languette pour chacun, en venant couper au 1/3 voir 1/5eme de l'entaille précédemment crée (voir ci-à droite) ->
6) On viendra pour finir raccourcir le greffon à 2 ou 3 yeux (yeux = bourgeons)
Le serrage
7) Enfin on pensera toujours à bien serrer avec l'élastique ou bien le scotch utilisé. Bien recouvrir pour éviter le dessèchement, et pour bien solidifier le tout.
Le mastic
8) La finalisation au mastic de greffage ou de cicatrisation est souvent indispensable, mais pas toujours.
Entretient et protections
9) Voilà votre greffe à l'anglaise simple est faite, il ne vous reste plus qu'à mettre un perchoir ou une branche pour éviter qu'un oiseau se pose dessus et abîme les points de greffe. Et si besoin d'arroser ou de protéger autour afin qu'aucuns animal terrestre ne puisse piétiner votre œuvre.
10) Trois à cinq semaines plus tard, vous verrez si votre greffe à prise ou pas, mais le résultat final aura lieu quelques mois plus tard encore.
Soyez patient et observez, vous verrez c'est comme un petit bijoux on y fait bien attention !
on viendra réaliser un encoche dans chacun des deux biseaux, à 1/3 de distance de la partie la plus fine (partant du principe qu'on divise l'entaille en 3) comme présenté sur le dessin ci-contre --->
Ci-dessous la suite
Dessin-wikisource
Faisons coïncider nos deux morceaux
Quand cela est fait, on peux venir insérer l'encoche du greffon avec l'encoche du porte greffe, et ça y est le tour est joué à partir du moment où les deux morceaux paraissent n'avoir jamais été séparé !
Il est temps d'envelopper tout ça
On terminera par envelopper les parties fraichement greffées par du film étirable pro, ou des élastiques à greffer, ou encore du scotch d'électricien, là aussi c'est tout un art (Comme dit précédemment, cela permet d'éviter l'évaporation ou les maladies et consolide aussi la greffe).
Mastiquons
Nous mettrons du mastic à cicatriser à froid ou à chaud (si à chaud vigilance à pas l'appliquer trop chaud sur la plante qui en souffrirai) sur la pointe de notre nouvel arbre afin d'éviter toute évaporation ou toute pousse trop hâtive de la part du greffon (pouvant mettre en danger la symbiose des deux parties), si elle a été coupée avant bien-sûr.
Étiquetage et infos
Quand tout cela est fait on note tout se qui est nécessaire sur notre étiquette pour s'en rappeler plus tard et la magie va opérer, il ne reste plus qu'à venir le planter là où on souhaite l'accueillir !
Bien-sûr dans les jours qui suivront, même si les bourgeons se mettent à pousser, on restera vigilant car le greffon peut avoir des réserves nutritives dans sa tige et donc simuler une fausse prise de la greffe.
Soyons patient et nous finirons par pouvoir fêter le bonne symbiose au sein de la greffe (quelques mois plus tard) !
Quand le cal de cicatrisation (zone de re-création des vaisseaux de circulation de l'arbre) sera en place et aura reconnecté les deux parties, on sera sûr que la greffe a prise.
On viendra garder seulement un bourgeon, sur les 2 ou 3 précédemment choisi pour le greffon, afin de recréer l'axe central du nouvel arbre !
Compatibilité,
Surface de contact la plus nette et la plus grande possible,
qualité des greffons,
température / hygrométrie adaptés
cycles végétatifs respectés,
rapidité d'exécution,
suivi / entretien
greffes d’œil poussant (on greffe juste avant le pousse de printemps)
greffes d’œil dormant (on greffe en fin d'été début d'automne , et la greffe poussera après avoir passé l'hiver en dormance)
par approche de côté ou contact, la plus ancienne (de côté, en tête, en arc-boutant)
par rameau détaché (de côté sous écorce, en couronne, placage, incrustation...)
par œil ou bourgeon (par écusson ou en flûte)
Les plus simples au début sont les greffes de rameaux à œil poussant (anglaise, anglaise compliquée, fente...)
Comme certaines visible ci-dessous
Images wikisource (merci !)
La multigreffe est une possibilité de greffer un arbre déjà mature, sans que cela ne lui coûte sa croissance ou son épanouissement racinaire, et bien-sûr tout lui permettant de pousser puissamment et de donner une production de fruits rapidement et avec intensité !
La priorité est de redonner à l'arbre greffé, une quantité de branches suffisantes pour lui permettre de repousser avec un maximum de vigueur et cela sans qu'il n'est besoin de recréer des gourmands (souvent signe qu'un arbre manque de tiges pour exprimer toute sa vigueur racinaire ), ou sans qu'il ne perdre son bois ou sa vigueur racinaire.
J'aime beaucoup cette idée que développe Andy Darlington et Clément Fleith sur cette technique de greffe multiple !
Clément Fleith est l'auteur du livre "La greffe sur fruitiers sauvages" dans lequel il nous explique l'intérêt des greffes sur les arbres composant nos forêts (autonomie, adaptabilité, espérance de vie, qualité de fruits...) ; dans ce superbe livre, il nous partage aussi les différentes techniques de greffes, ainsi que tous les éléments pour les réussir !
A vous maintenant d'essayer ! C'est en pratiquant qu'on apprend le mieux !
Gardons en mémoire, que chacun de nos actes ont un impact que nous le voulions ou pas ; alors faisons en sorte que ces impacts nous permettent, à nous et aux futures générations, de vivre dans un monde propice à l'abondance, la confiance en la vie et l'émerveillement.
Fait avec amour ! ❤️ By "Cheminement végétal" 11/2023